Tu rentres dans le hall de ton immeuble après une longue journée. Tu remarques une affiche sur l’un des murs nus de la pièce. Intrigué, tu t’approches.

« Dans toute la ville, les cadavres continuent de s’amonceler. Ce qui passait pratiquement inaperçu pendant la pandémie. Venise n’est plus cette ville musée ou le pire qui pouvait arriver, c’était de se faire tirer son portefeuille par un pickpocket pour quelques dizaines d’euros. »

« La pandémie » Tu t’en souviens. Des gens que tu connaissais sont morts, plus ou moins proches de toi. Tout a commencé, en novembre 2012, par une simple alerte sanitaire que les gouvernements ont massivement tenté de minimiser. Une nouvelle maladie, la X3G589, s’était déclarée, en provenance d’un de ces pays lointain, pauvres, dont personne n’a rien à foutre en général. La maladie a été contenue les premiers temps, mais il fallait bien que l’enfer perde patience et provoque une faille dans les mesures de protection des humains pour répandre son dernier fléau.

Les gens ont commencé à sérieusement paniquer en voyant leurs organisations sanitaires nationales ne pas trouver la source du problème, les corps s’amoncelaient dans les hôpitaux, les appartements des malades qui ont, jusqu’au bout refusés de quitter leur chez eux pour aller au « mouroir ». La panique s’est transformée en manifestation pour réclamer des explications sur l’incapacité des autorités à trouver un traitement.

En juin 2013, les rassemblements pacifiques ont tourné aux émeutes, même ici, à Venise. Nombre de campi, de lieux publics ont été saccagés par la colère populaire. A partir de septembre, le nombre de cas de X3G589 a dramatiquement chuté et en janvier 2014, il ne restait que quelques patients mourants. Pourtant les morts n’ont pas cessé pour autant… Tu as découvert, un peu comme tout le monde que la violence s’était profondément ancrée dans la société, masquée par la pandémie. Partout, la sécurité vacillait. Tes amis avaient peur de sortir seuls, des mères d’adolescents interrogeaient les passants dans le campo quand leur gamin ne rentraient pas à la maison à l’heure prévue… surtout en hiver. La nuit était devenue pour tous, même pour toi, ce qu’il fallait à tout prix éviter. Personne ne voulait se retrouver seul dans les rues étroites de la cité lacustre. De ce que les journalistes arrivaient à savoir, tous les corps retrouvés avaient été tués de nuit, et abandonnés de nuit.

« Les victimes étaient laissées exsangues, peu ou pas du tout connectées entre elles. La presse avait même titré plus d’une fois « Les vampires débarquent et cette fois, c’est pas Twilight ! » Aujourd’hui les gens ont peur. Plus personne ne sort tout seul dès que le soleil n’inonde pas les rues, et malgré la vidéosurveillance et la fréquence des patrouilles de police renforcées, rien ne semble changer… Si ceux que nous avons élus pour nous protéger ne font rien, mobilisons-nous, créons des milices de quartier. Il en va de la sécurité de nos enfants. »

Tous les gens que tu croises ont peur, plus ou moins ouvertement. Plusieurs assassins se sont fait arrêter, mais plus la police en coinçait, plus il semblait y en avoir. Ils avaient pensé à une série, puis à une autre, la manière de tuer était la même, mais pas le modus operandi. Tu ne crois pas forcément au surnaturel, tu ne sais pas si tu dois être d’accord avec ce que ce que cette personne à affiché ici, mais tu es certain que les choses doivent redevenir normales. Tu remarques plusieurs adresses mail à détacher du bas de l’affichette. Ta main s’élance, tu hésites un moment, tu en détaches un, le met dans ta poche et tu rentres chez toi, en pensant à ce que tu viens de lire.

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Anna-Simona Rossi
Bjorn Brekken